Février 2023, Punta Arenas, au sud extrême du Chili, en plein cœur de la Patagonie. Depuis Ushuaïa, nous entamions notre remontée vers le nord, à la découverte des savoir-faire artisanaux d’Amérique latine. C’est ainsi que nous avons croisé Daniela.
Après une longue recherche de contacts artisanaux sur internet, nous tombons sur des créations murales en vannerie qui ont immédiatement attiré notre attention. Par chance, les coordonnées de l’artisane Daniela y étaient aussi communiquées. Nous avons envoyé un message, ne sachant pas à quoi s’attendre, espérant une réponse. À notre grande surprise, le lendemain, nous étions chez elle.
Nous nous en souvenons aujourd’hui encore avec beaucoup d’émotion.
Une rencontre inoubliable
Dans l’atelier de Daniela, de grands disques muraux en vannerie cohabitent au mur avec des outils simples et des bijoux minutieusement tissés. Daniela rayonne. Son sourire reflète sa générosité, et très vite, nous sommes emportés par son histoire : celle d’un peuple nomade ancestral dont il ne reste aujourd’hui qu’une poignée de représentants – 210 pour être exacte, dans le monde entier.
Daniela travaille autour de trois gammes : une ligne d’objets du quotidien – panières à pain, sets de table –, une ligne de bijoux qui perpétue les techniques de tissage, et surtout, une collection de répliques historiques. Ces pièces, identiques à celles que son peuple utilisait il y a plusieurs centaines d’années, témoignent de la richesse d’une culture qui refuse de s’éteindre.
Pour maîtriser son art, Daniela a mené des recherches approfondies. Elle a exploré les musées, consulté minutieusement des pièces d’archive et collaboré avec certains membres de sa communauté – ces gardiens des savoir-faire ancestraux qui lui ont transmis par de longues heures de travail ce dont ils se souvenaient. Aujourd’hui, elle partage sa mission de vie avec une détermination exemplaire : préserver et transmettre les savoirs de la culture Yagan. C’est ça qui la pousse à faire plus de 60 km à chaque fois qu’elle doit collecter le mapi, ce jonc qui est sa matière première.
Une mission de vie
Présidente de sa communauté, Daniela milite pour la préservation des Yagan et de leur culture. Elle donne des ateliers pédagogiques aux enfants de son village pour transmettre les techniques de tissage et autres richesses Yagan. Ses œuvres sont exposées dans des musées nationaux et internationaux – nous en avons d’ailleurs recroisé une par hasard lors de notre visite du Palacio de la Moneda de Santiago, preuve de l’aura de Daniela et de l’importance de ses œuvres. Avec chaque pièce qu’elle crée, chaque histoire qu’elle raconte, Daniela transmet la mémoire d’un patrimoine vivant qui refuse de sombrer dans l’oubli.
Je me souviens très bien de ses mots pour conclure notre visite. Nous étions à nos débuts, avec une chaîne Instagram encore confidentielle. Après m’avoir serrée dans ses bras, elle m’a confié : «Tu sais Fanny, chaque grande chose commence par quelque chose de petit. »
Merci, Daniela. Merci de nous avoir accueillis, nous sommes honorés d’avoir pu croiser votre chemin.
Racontez-nous votre projet, et donnons vie ensemble à une pièce unique, façonnée avec âme par nos artisans.
